L’alimentation industrielle : faire le point
Il faut l’avouer, nous avons tous un intérêt certain à utiliser une alimentation industrielle pour notre animal de compagnie.
1/ C’est très pratique : l’aliment est disponible facilement, à proximité, à toutes heures, sans préparation, avec des facilités de stockage et de conservation : c’est un gain de place et de temps.
2/ L’alimentation en croquettes, si on l’a correctement choisie, peut être de bonne qualité. La ration est équilibrée, les principes scientifiques du rationnement sont respectés. C’est en général un aliment complet, on n’a rien à ajouter et on peut nourrir son animal avec le même aliment de façon prolongée. Les pathologies nutritionnelles ( carences, rachitisme, ostéofibroses etc .. ) ont disparu avec le développement de l’alimentation industrielle, grâce au respect de l’équilibre des rations imposé par loi, suite aux préconisations des scientifiques et des vétérinaires.
3/ C’est une alimentation économique. Même en utilisant des produits haut de gamme – des aliments dit « premium », c’est toujours plus économique de nourrir son animal avec des croquettes, plutôt que de faire une ration ménagère. Par exemple, pour un chien de type Labrador, on dépensera environ 3 euros par jour avec de bonnes croquettes – une ration ménagère nécessitera 300g de viande/ + les légumes et compléments … le calcul est vite fait, sans compter le temps passé et l’énergie dépensée.
Donc l’alimentation en croquettes, c’est pratique, équilibré et économique. Et c’est ce qui fait son succès !
Alors pourquoi existe-t-il certains à priori et des doutes ?
Car les industriels, fabricants de croquettes, se sont multipliés sur le marché et la concurrence, comme toujours, a mené à une baisse des prix. Mais cette baisse des prix se fait bien évidemment au détriment de la qualité. Il faut l’avouer, nous sommes dans un monde de publicité, de posts et de blogs souvent mensongers et orientés et créé dans un seul but : vous diriger vers un autre achat … Il est difficile pour les propriétaires d’animaux d’avoir une information scientifique raisonnée et objective. Vous devez faire confiance à votre médecin, et à votre vétérinaire. Ils sont spécialistes en nutrition et diététique, ils pourront vous conseiller utilement et efficacement.
Sinon – comment faire déjà un tri, se faire une idée de la qualité d’un aliment ?
Voilà ce qu’il faut déjà savoir :
1/ le Packaging =
C’est essentiellement un élément publicitaire. Il est fait pour attirer l’œil et vous inciter à l’achat et à une certaine confiance. Cela ne présage en rien de la qualité du contenu !
L’étiquette, la composition, les ingrédients … Aucune réelle information n’est écrite. La seule obligation légale pour le fabricant, est de mentionner la composition analytique de sa ration. Mais cela est difficile à comprendre pour le consommateur, et tout est fait pour que cela soit compliqué à décrypter. Même nous, vétérinaires, nous ne pouvons obtenir une liste réelle des ingrédients et des procédés de fabrication : secret industriel oblige. On ne vous dit que ce que l’on veut vous dire, les emballages sont bien fait pour cela.
2/ La composition de l’aliment =
Les ingrédients sont divers et variés, nous avons déjà abordé cela en détails dans d’autres articles, notamment celui sur le rationnement. Revenons sur quelques points importants.
Les protéines, nutriments indispensables et sensibles = Sachez que les protéines peuvent être de qualité – ou de mauvaise composition ! Et cela ne sera pas indiqué sur votre sac ! Les protéines de qualité médiocres sont bien meilleures marché …. Rien à voir entre des protéines issues de muscles ou d’abats, par rapport à de la kératine issue de poils ou de plumes, ou du collagène de tendon, de peau ou de carcasse osseuse .. sans parler de simple gélatine. Il existe des protéines de bonne valeur biologique et d’autres de piètre qualité. ( Cf nos autres articles sur le rationnement pour plus de détails ). Tout fabricant fait un mélange de protéines de diverses qualités. La valeur et la qualité de l’aliment dépend en grande partie de la quantité de protéines de qualité utilisées. Déterminer cela en lisant juste les étiquettes du fabricant est impossible, voir difficile, il faut connaître des moyens détournés pour se faire une idée.
Outre leur haute valeur biologique, ces protéines doivent aussi être bien utilisées pour ne pas être dégradées. Elles doivent être cuites pour améliorer leur digestibilité, mais faiblement et à basse température pour ne pas trop les altérer, pas plus de 60°C. Aucun industriel ne précise tout cela sur son emballage. Par contre, ils sont nombreux à simplifier les chaînes de fabrication et à tout cuire dans une « grosse cocotte-minute », pour des raisons économiques, mais au détriment de la qualité !
Pareil pour l’amidon, il doit lui être bien cuit pour être correctement assimilé. A ce propos, les céréales – point de discussions fréquentes – elles ne sont pas mauvaises pour votre animal, dire le contraire est Faux ! Votre animal peut manger du pain et des pâtes ( = soit du blé = céréale ) ou du riz, voir du maïs ( céréales … ) Il ne faut pas en abuser, comme pour nous afin d’éviter les excès de poids, mais on ne peut s’en passer ! c’est une sourcen énergétique indispensable en alimentation et des nutriments de qualité, pourquoi s’en passer ? Ceux qui prétendent le contraire et qui veulent vous vendre un aliment sans céréale – les ont remplacées par de la pomme de terre ou des Pois .. ce n’est guère mieux ! Il vaut mieux manger du riz ou des pâtes ou du pain régulièrement, plutôt que des patates et des pois chiches tous les jours ! ( Tout cela est déjà mentionné en détails dans l’article sur le rationnement ). On se méfiera donc tout de suite des aliments « sans Céréale » – c’est déjà mentir et tromper le consommateur que de lui faire croire que c’est un gage de qualité. Prendre ainsi des faux arguments et détourner l’attention du consommateur sur un autre sujet sans réelle importance est déjà le signe que l’on souhaite le tromper sur la qualité du produit présenté. Pour moi c’est déjà rédhibitoire !
Les Graisses – elles, doivent être incorporées à froid, et placées idéalement à l’intérieur des croquettes pour limiter les risques d’oxydation ( rancissement ). Nous ne reviendrons pas sur leur qualité ( différences saturées / insaturées, acides gras essentiels .. cf articles annexes ).
Pour résumé, il faut des Ingrédients de qualité = et ce n’est pas le cas pour plus de 90 % des aliments fabriqués retrouvés sur le marché ! alors que les étiquettes et les emballages semblent indiquer le contraire ! Il faut aussi un processus de fabrication adéquat, strict et bien respecté, qui ne dénature pas les ingrédients ( Nombreux sont les industriels qui ne respectent pas rigoureusement cela, car souvent ils n’en sont même pas conscient … ).
Et faire de l’alimentation industrielle demande un savoir-faire, des connaissances scientifiques et technologiques, un suivi et un contrôle de qualité et des contrôles sanitaires rigoureux durant toute la chaîne de fabrication. Il est toujours facile et tentant de brûler les étapes et de faire des petites économies à droite et à gauche, mais au final c’est la qualité du produit qui s’en ressent.
Votre vétérinaire fait confiance à certains fabricants, il peut vous garantir la qualité des procédés de fabrication et des ingrédients utilisés. Il connaît le fabricant, il s’est informé de ses pratiques et de sa rigueur de travail, il connaît les industriels qui respectent les normes et les contrôles de qualité. L’industrie alimentaire animale, comme l’industrie alimentaire humaine – est surveillée par les services vétérinaires administratifs de l’état. Les compagnies industrielles sérieuses emploient aussi des vétérinaires pour élaborer leurs produits, elles font appel à leurs compétences et à leur expertise pour obtenir et garantir une qualité de produit. Votre vétérinaire est en relation avec ses confrères et consoeurs de l’industrie agro-alimentaire, il connaît leur implication et leur travail. Il pourra vous conseiller sur tel aliment industriel, pour sa qualité et le sérieux de sa fabrication, plutôt qu’un autre, produit sans surveillance, à l’étranger et sans garantie réelle de qualité.
COMMENT CHOISIR SES CROQUETTES ?
Une chose est sûre : la Qualité a un Coût …
Les « Bonnes » croquettes sont chères ! mais attention, la réciproque n’est pas vraie ! = Croquettes chères ne veut pas dire croquettes de qualité ! certains fabricants misent sur un beau packaging, de la publicité – onéreuse, – des arguments « trompeurs » et un coût élevé signe de « qualité « mais avec un aliment médiocre dans le paquet. Mais une bonne marge pour le fabricant et le vendeur !
Pourquoi un bon aliment est-il cher ? Les protéines animales sont indispensables à nos carnivores domestiques mais elles sont chères surtout si on choisit des protéines de qualité et de haute valeur biologique .Les légumes utilisés doivent aussi être de qualité et bien choisi, sans trop de féculent, pour limiter la prise de poids. Les acides gras essentiels sont aussi coûteux mais ils sont aussi indispensables, en quantité suffisantes. Les minéraux, les vitamines et les oligo-éléments sont également indispensables pour équilibrer le rationnement. Ces compléments augmentent le prix de la ration.
Un aliment bon marché aura nécessairement peu de protéines animales et voir surtout des protéines de mauvaise qualité, ainsi que peu d’autres éléments nutritionnels de qualité, avec notamment des excès de glucides énergétiques.
CHOISISSEZ un Aliment Complet – PREMIUM ( même si il n’existe pas de label reconnu garantissant une certaine qualité ). La quantité journalière ingérée doit rester faible mais être suffisante pour apporter les nutriments nécessaires au quotidien. Au final, si on calcule au coût par jour, par rapport à un aliment standard, la différence de prix sur le long terme est faible.
Votre vétérinaire est expert en Nutrition et diététique, demandez-lui conseil, et faite-lui confiance, il a choisi pour vous des produits et des aliments de qualité, reconnus par le monde scientifique, contrôlés et qui sont un gage de confiance et de fiabilité.
Méfiez-vous des discours alternatifs qui n’ont qu’un but, vous vendre un produit et faire du profit, souvent au détriment d’une réelle qualité.
Méfiez-vous des ventes en ligne, les aliments pour animaux se conservent bien mais ce sont des denrées périssables et conservées dans des conditions optimales. Les sites en ligne achètent souvent à bas prix dans des pays étrangers éloignés, ou la vie est moins chère, ils stockent là-bas des quantités importantes dans des conditions souvent non contrôlées et sans normes sanitaires drastiques, puis rapatrient ensuite les aliments en zone occidentale pour les vendre moins chers sur le marché mais en gardant eux une marge de gain suffisante. Tout cela au détriment de la qualité, avec des transports allongés et conditions de conservation pouvant être préjudiciables pour les ingrédients fragiles. Votre vétérinaire connaît tout cela, il pourra vous orienter vers des sites français, dirigés par des spécialistes, avec la présence de vétérinaires, garants du respect et de la santé de vos animaux.
Privilégiez les fabricants français et européens proches, ainsi que les circuits d’approvisionnement courts et la distribution locale près de chez vous . Lors de vos visites chez le vétérinaire, demandez-lui conseil, abordez l’alimentation de votre animal avec lui. Une bonne santé commence par une alimentation saine et équilibrée.
Dr Martin DUBOIS vétérinaire – Strasbourg Clinique Montagne Verte – 2022