Une Métrite particulière chez les carnivores :

 Le pyomètre est une Métrite. Une Métrite est une inflammation de l’Utérus, avec des complications infectieuses. Le pyomètre est caractérisé par une accumulation de pus, souvent en quantité importante, dans la lumière de l’utérus. La quantité de pus peut parfois atteindre des volumes importants.

Cette maladie affecte généralement les chiennes adultes d’un âge moyen. Elle se déclenche classiquement quelques semaines après l’oestrus, les chaleurs de la chienne.

Le pyomètre est aussi une maladie génitale fréquente chez les chattes non stérilisées, surtout lors de recours à des moyens de contraception.

C’est une affection à connaître pour les propriétaires de chienne non stérilisée, du fait de sa fréquence, à partir d’un certain âge. Les symptômes sont assez typiques, bien que parfois frustres, ils doivent amener le propriétaire d’une chienne ou d’une chatte à consulter sans attendre, pour éviter les complications, qui vont engendrer des soins supplémentaires et aggraver considérablement le pronostic. Un pyomètre pris en charge chirurgicalement à un stade débutant est une affection de bon pronostic.

EPIDEMIOLOGIE

Le pyomètre apparaît chez la chienne adulte – non stérilisée. Les chiennes n’ayant jamais eu de petits seraient davantage sujettes à cette affection. C’est une affection génitale relativement fréquente chez la chienne. On la rencontre aussi chez les chattes, surtout lors d’utilisation de contraceptifs.

FACTEURS FAVORISANTS

Au niveau anatomique, la taille et la longueur de l’utérus chez nos carnivores domestiques perturbe la vidange naturelle de l’organe en fin de chaleur.  Cette particularité anatomique est adaptée pour procréer et héberger de nombreux foetus durant la gestation.

Appareil génitale de la Chienne

Au niveau hormonal, après les chaleurs, la chienne présente une forte imprégnation de progestérone qui augmente la sécrétion de mucus au niveau de l’utérus et crée ainsi un milieu propice à la prolifération des bactéries. Pendant les chaleurs, le col de l’utérus est ouvert, ce qui permet le passage des germes depuis le vagin vers le corps de l’utérus. Celui-ci est alors plus vulnérable aux infections bactériennes.

Des traitements médicamenteux – hormonaux principalement – peuvent influencer et déclencher un pyomètre. L’utilisation d’hormonothérapie pour des avortements, mais surtout pour de la contraception, sont des facteurs favorisant à l’apparition de pyomètre.

CAUSES D’ APPARITION

Le mécanisme exact du développement du pyomètre est encore mal connu, cependant, son origine multifactorielle est établie. L’imprégnation de progestérone en phase post-oestrus = après les chaleurs  – augmente les sécrétions utérines de mucus, créant un milieu favorable à la multiplication bactérienne. Le pyomètre est donc le résultat d’une association entre un milieu propice et des infections ascendantes. Retenons que le pyomètre se développe systématiquement dans les semaines qui suivent les chaleurs de la chienne ( c’est aussi vrai chez la chatte, chez qui les phases annuelles de chaleurs sont plus courantes ).

SYMPTÔMES CLINIQUES :

Les manifestations cliniques du pyomètre peuvent être peu spécifiques ou au contraire très évocatrices, selon que le col de l’utérus est ouvert ou fermé. Si le col est ouvert, on remarque facilement des écoulements vulvaires purulents, voire teintés de sang. L’animal est généralement léthargique, abattu et anorexique. On note souvent une nette augmentation de la prise de boisson. Ces symptômes peuvent être associés à des vomissements, une distension et une douleur abdominale avec parfois de la fièvre, une uvéïte, une dégradation de l’état général.

Si le col de l’utérus est fermé, les symptômes seront beaucoup plus frustres. La chienne présente alors seulement un abattement et une anorexie, mais son état général est encore plus affecté, et plus inquiétant que lors d’un drainage naturel. Le diagnostic peut aussi être retardé, lors d’absence d’écoulement vulvaire. Un signe d’appel reste la Polyuro-polydipsie : la chienne boit et urine beaucoup. Ce symptômes est souvent typique et présent dans de nombreux cas : à retenir.

DIAGNOSTIC

Le vétérinaire pose une suspicion diagnostique de pyomètre en fonction des commémoratifs et des signes cliniques ( date des dernières chaleurs, polyuro-polydipsie, pertes vulvaires … ).

 Dans certains cas les symptômes sont bien repérables, parfois ils sont frustres, et le diagnostic précoce peut être retardé et non réalisés au stade débutant de la maladie.

Le diagnostic est confirmé par l’imagerie médicale : une échographie abdominale permet de visualiser l’utérus dilaté de façon anormale et sa lumière remplie de liquide. L’image est quasi-pathognomonique, lorsque la maladie est installée. Les premières phases, du type hyperplasie glandulo-kystique, sans réelle infection et dégradation de l’utérus, peuvent être considérée comme des phases de pré-pyomètre. La chienne devra être suivi dans ces cas débutant.

Imagerie échographique d'un pyomètre - Chienne

D’autres examens complémentaires sont nécessaires pour évaluer d’éventuelles complications. En premier lieu,  un examen biochimique sanguin permet d’écarter ou de confirmer une éventuelle atteinte rénale, voir hépatique., ce qui vient compliquer le pronostic.

COMPLICATIONS

Les complications du pyomètre sont liées à l’ensemble des modifications de fonctionnement de l’organisme secondaire à la généralisation de l’inflammation. Un syndrome infectieux grave peut entrainer une dégradation rapide de l’état général. Dans de rares cas, la paroi utérine peut nécroser et perforer, une péritonite septique se déclenche, le pronostic vital est rapidement en jeu.

Une atteinte rénale secondaire est aussi une complication fréquente, à ne pas négliger. Elle résulte d’une diminution de la perfusion rénale liée à la déshydratation et à l’infection. Elle provient aussi d’une atteinte directe des cellules rénales par un phénomène immunologique.

Une atteinte hépatique peut être mise en évidence, résultat de la toxicité de l’infection.

Le pyomètre peut parfois déclencher des troubles de la coagulation, à l’origine d’hémorragie, de destruction des globules rouges, d’atteinte plaquettaires voir de thrombose, avec des risques importants de complications chirurgicales.

PRONOSTIC

 Les complications peuvent donc être graves voire mortelles, chez une chienne non prise en charge médicalement. Mais nous pouvons affirmer que le pyomètre reste une maladie de pronostic favorable dans la majorité des cas. La prise en charge doit être précoce, et le traitement chirurgical permet d’éliminer totalement la cause de la maladie et d’obtenir une guérison complète dans l’immense majorité des cas.

TRAITEMENT

La conduite thérapeutique dépend de l’état clinique de l’animal et de la présence des complications.

La prise en charge des complications est une priorité : elle nécessite une hospitalisation, avec des soins intensifs de réanimation liquidienne et une antibiothérapie par voie veineuse. Dès que l’état clinique est stabilisé, la chirurgie est le traitement de choix

On pratique une ovario-hystérectomie, soit le retrait chirurgical des deux ovaires et de l’utérus infecté. C’est le seul traitement envisageable lors de péritonite avec rupture de l’utérus, après une courte phase de réanimation médicale.

Un traitement médical peut être proposé, notamment chez les animaux de valeurs, destinés à la reproduction. Dans ces cas précis, l’affection doit être débutante, sans complications. Il repose sur plusieurs administrations d’une ou plusieurs molécules visant à vidanger l’utérus. Un suivi échographique permet de vérifier la vidange utérine. L’efficacité des techniques médicales est variable et les récidives sont fréquentes, surtout lors des prochaines chaleurs. Le coût du protocole médical est assez élevé, proche du traitement chirurgical, surtout chez des chiennes de grande taille.

Le pyomètre de la chienne est donc une urgence médicale dans la mesure où le pronostic vital est engagé à plus ou moins court terme. Le choix thérapeutique définitif (médical ou chirurgical) doit être établi au cas par cas en fonction des données épidémiologiques et cliniques de la chienne, ainsi que des considérations financières. 

  Le traitement de choix reste la chirurgie, elle permet de se débarrasser de l’utérus infecté, et la chienne est guérie de façon définitive quelques jours plus tard, sans risque de récidive.